Est-ce facile d’obtenir un permis de construire pour un projet en superadobe, dans Lot ou l’Aveyron par exemple.

C’est en un sens l’étape la plus dure en France. Les permis accordés à ce jour sont pour des projets touristiques insolites ou agricoles. Pour ce qui est des résidences principales, c est un peu plus complexe.

Pour ça, il vaut mieux préparer un dossier assez complet, présentant la technique et ses avantages ( résistance aux incendies, aux inondations…).

Un dossier a été accepté par la municipalité de la Bastide sur l’Hers (09) en 2017 pour un projet de gîte touristique. Pour le lot ou l’aveyron, à priori, le Lot pourrait être plus tolérant envers les constructions non conventionnelles (j’entends sans ciment) et de formes organiques.

Le plus grand obstacle à l’obtention d’un permis de construire est le respect du PLU (Plan local d’Urbanisme) et ses caractéristiques extérieures des bâtiments. Certains PLU impose une toiture à 45° pour respecter l’harmonie régionale. Les dômes s’en retrouvent proscrits, à moins de leur rajouter un chapeau.. à 45°.

Certaines régions peu peuplées sont, aujourd’hui encore, sans PLU, la municipalité n’a donc aucune raison de refuser la construction d’aspect singulier.

Est-ce que cela nécessite des plans d’architecte?

La loi Française requière des plans d’architecte au delà de 150m² de surface de plancher. Mais le permis de construire doit être déposé pour toute structure supérieure a 20m².

Quel est le coût et le temps estimé pour la construction et finition d’un dôme de 80 à 100 m².

Pour ce qui est du coût, il est très difficile de répondre étant donné que le matériau principal est la terre et que le coût de celle-ci dépend du terrain et de la possibilité d’excaver la terre in situ.

Et même en ayant l’estimation financière pour reçevoir la terre nécessaire près du site de construction, sa composition et son état (en autre la nécessité de la concasser ou non avant de la préparer) influent énormément sur les vitesses de chantier.

Pour ce qui est du délai, d’expérience, avec les nuances dépendant du type de terre, la construction d’une structure de 100m² prend 2 à 3 mois avec une équipe de 6 à 10 personnes motivées avec au mieux 2 personnes expérimentées. Sans oublier qu’il faut ajouter de une à deux semaines pour la première couche d’enduit et le second œuvre (plomberie, électricité, portes, fenêtres, …), puis encore une à deux semaines pour les 2^ème et 3^ème couches d’enduit à 3 mois d’intervalle.

Niveau chauffage, qu’est-ce qui est préconisé?

Niveau chauffage, je recommande personnellement un poêle de masse ou rocket stove. Mais d’autres systèmes sont facilement envisageables. Il faut noter que le superadobe reste une technique de maçonnerie que le second œuvre n’est pas restreint par la composition des murs. En d’autres termes, n’importe quel système standard peut être implanté.

Est-il nécessaire d’isoler intérieur/extérieur?

C’est la bête noire du superadobe, l’isolation. Il est de toute façon préférable d’isoler par l’extérieur. Avec des murs en terre de 30 à 50cm d’épaisseur, l’inertie est très intéressante à exploiter. Mais la pose d’un isolant sur un mur en double courbe (base circulaire et verticale courbée en dôme) n’est pas aisée.

Certains disent que si la conception est bien faite, une simple source de chaleur suffit. On peut ajouter de la fibre isolante à l’enduit pour améliorer les performances. De même qu’un mur ou une cloison à forte inertie thermique orienté vers le soleil d’hiver.

Malheureusement, au niveau de la législation française, la RT2012 impose la pose d’un isolant. Il reste possible de l’indiquer sur les plans, mais de ne pas s’en soucier à la mise en oeuvre…….. Rappelons-nous que l’usage de ce fameux isolant ne remonte pas tant que ça ; nos ancêtres n’avaient pas connaissance de cet aspect consommateur de la construction et se contentait de vivre au dessus de leur cheptels pour se réchauffer.

Est-ce que tu as des retours d’expériences sur la durée de vie de ces constructions.

La technique datant des années 80 avec premiers essais en 91, le recul reste faible pour assurer une durée de vie fiable.

Etant inspiré de l’adobe, ayant lui plusieurs millénaires d’ancienneté, avec structures de plus de 3000 ans encore debout aujourd’hui, j’ai bon espoir que la durée de vie soit largement supérieure au béton, trop rigide pour ne pas fissurer sur une terre vivante et vibrante.

Plusieurs structures ont démontrées la résistance sismique, comme le projet d’orphelinat Pegasus au Nepal.

Serait-il possible de nous faire parvenir de la doc sur les formations pour la réalisation d’un tel projet.

Plusieurs documents tels que des plans, des e-books et des reportages photos sont accessibles sur le forum du site dome-eco.fr.

Le site www.permadomia.com comporte une page actualité avec des articles sur les constructions et ateliers réalisés et des pages dédiées aux ateliers eux mêmes.

http://permadomia.com/fr/ateliers

Et que penses-tu de l’idée de monter un projet pour un chantier participatif…

Avec plaisir ! Il faut néanmoins considérer que les chantier participatifs présentent l’avantage d’être moins onéreux au début, la main d’œuvre n’étant pas rémunérée, mais seulement nourrie et logée, mais le désavantage de prendre beaucoup plus de temps, et de risquer des malfaçons, étant impossible de superviser chaque action de chacun.

En gros, si le temps est avec vous, il est possible de construire sous forme de chantier participatif et c’est avec plaisir que je superviserais avec une rémunération à définir en fonction de la conception et de la durée.

Si vous souhaitez une construction rapide, il est préférable de faire appel à une équipe. Je connais plusieurs personnes susceptibles de travailler efficacement, un planning précis doit être mis en place pour regrouper ces énergies.

Pour d’autres questions, cliquez